Maitre Artisan

CHEZ ADD PUB, LES IDÉES ONT FUSÉ…

Bénédicte et Emmanuel Fontaine

PENDANT LE CONFINEMENT, L’AGENCE DE PUBLICITÉ HAZEBROUCKOISE, SPÉCIALISÉE DANS LA CONCEPTION ET LA FABRICATION D’ENSEIGNE,
A BRILLÉ PAR SON AGILITÉ ET SA CAPACITÉ À INNOVER DANS L’URGENCE.
DANS L’IMPOSSIBILITÉ DE RESTER INACTIVE, BÉNÉDICTE FONTAINE, CO-FONDATRICE DE L’ENTREPRISE AVEC SON MARI EMMANUEL, A EMBARQUÉ EN DEUX TEMPS TROIS MOUVEMENTS SON ÉQUIPE DANS CETTE AVENTURE EXTRA-ORDINAIRE.

C’est dans les épreuves que naissent les plus belles victoires. Quelques jours avant l’annonce du confinement, Bénédicte Fontaine a l’idée de créer avec ses équipes web un site internet baptisé « Prévention virus ». Ce site d’informations sur la pandémie s’est depuis transformé en site e-commerce. Tout s’est ensuite enchaîné très vite, car en réalité, chez ADD Pub, le  Confinement n’a duré que deux jours ! « Le 19 mars, alors que je traînais un peu dépitée dans nos ateliers, je suis tombée sur des toiles de lin et j’ai eu l’idée d’en faire des masques. J’ai aussitôt appelé une de mes couturières, j’ai dessiné un prototype et nous avons démarré dès le lendemain matin, à quatre, la production de masques en tissu. Puis, nous avons créé les premières visières en plexiglas et de fil en aiguilles, d’autres idées ont foisonné et nous nous sommes mis à fabriquer chaque jour des prototypes de nouveaux produits destinés à la protection des personnes », raconte-t-elle avec un enthousiasme désarmant. La dirigeante échange régulièrement avec des personnalités scientifiques qui l’aident à élaborer des produits de haute protection. Ainsi, pour les hôpitaux, ADD pub fabrique des cloisons de séparation de zones et lits de malades, pour les commerçants des cloisons Hygiaphone, etc. Au bout de quelques jours, le standard explose : plus d’une centaine d’appels téléphoniques par jour. Dans l’atelier, c’est l’euphorie, les volontaires ont repris le chemin de l’atelier, certains y passent entre 14 et 16 heures par jour. Même les enfants du couple sont mis à contribution. 

« C’est devenu un jeu entre nous : 

on a une idée, on dessine, on fait un prototype, on met en production » Malgré la poursuite d’activité et les aides de l’État, la dirigeante vit au jour le jour, sans aucune visibilité sur les prochains mois.  « Le secteur de la signalétique et de la publicité est très touché. Je crains que nous rentrions dans une période très délicate. Le premier mois du confinement, notre chiffre d’affaire a accusé une baisse de près de 60%. La raison est simple : tout ce qui avait été produit avant le 15 mars (enseignes, signalétique, etc.) n’avait pas été posé donc pas encaissé. Ensuite, pour répondre à la production massive d’équipements de sécurité, nous avons dû investir sur de gros volumes sans aucune visibilité sur les éventuelles commandes. S’agissant du plexiglas par exemple, nous avons acheté en deux mois pour 25 ans de plexiglas. Nous le commandions à la tonne, du jamais vu ! », explique-t-elle. Depuis, tout nouveau produit qui sort de l’atelier est comme un pari sur l’avenir de l’entreprise. « Depuis le 2 juin, nous pensions pouvoir vendre des équipements spécifiques aux restaurateurs pour leur permettre d’accueillir leurs clients en respectant les règles de distanciation : comme je suis designer, j’avais imaginé des supports de table décorés, des cloisons sur pied, des cloisons attachées sur table, etc. Nous avons beaucoup investi, mais pour le moment les ventes ne sont pas au rendez-vous », s’inquiète-t-elle. Pour autant, Bénédicte Fontaine connait bien les atouts de son entreprise. « Nous sommes hyper créatifs et super réactifs. 

ADD Pub en bref

  • Date de création : 1995
  • Fondateurs : Bénédicte Fontaine, architecte d’intérieur et designer, et Emmanuel Fontaine, maquettiste et souffleur de verre
  • Ateliers basés à Hazebrouck
  • 14 salariés
  • ADD Pub, c’est aussi : ADD Solutions (conseil et solution en communication), ADD Média (agence événementielle), ADD Com (agence de communication) et ADD Confection (atelier de confection et prototypage)

J’ai le métier, les idées, les machines et le savoir-faire. Surtout, je sais que je peux compter sur mon équipe, des personnes qui sont un peu comme moi. Il y a une émulation formidable entre nous : on a une idée, on dessine, on fait un prototype, on met en production. Nous sommes en mesure de fabriquer tout type de produit à la demande, même les plus techniques ». L’entreprise a ainsi façonné des blouses jetables pour la Communauté de communes de Bergues, cousu des masques pour la Communauté de communes de Flandres Intérieure, des tabliers jetables en PVC pour un EHPAD, fabriqué des poubelles en carton jetables pour une mairie, des bornes de gel hydroalcoolique pour une entreprise, des bandes de marquage au sol pour distanciation sociale, etc. 

Tout cela grâce à une créativité sans limite et un savoir-faire inestimable que la dirigeante entend bien préserver.
« Avec mon associé, nous formons un attelage »

Sur le front dès les premières heures du confinement, au combat « pour sauver l’entreprise », selon ses propres termes, Bénédicte Fontaine confie être passée par de grands moments de stress et de découragement. « On parle beaucoup de la souffrance des salariés mais relativement peu de celle des dirigeants. Pourtant, j’ai eu parfois le sentiment d’être perdue dans l’entreprise, dans l’euphorie un jour puis le lendemain avec un rideau noir devant les yeux. Et là, vous vous sentez seule au monde. Heureusement, j’ai la chance d’avoir mon mari comme associé : à deux, nous formons un attelage. Le stress financier, ce nouveau métier que l’on est en train de créer, et demain ? Nous partageons nos joies et aussi nos inquiétudes comme celle de devoir dire un jour à nos salariés : nous n’avons plus besoin de vous. Et ça, ce serait vraiment terrible ! », lâche-t-elle. Craquer, ne pas tenir et garder le meilleur de cette expérience qui forge une vie. 

« On a su nous épater nous-mêmes, on a été puissant sur la vente, on a cherché des solutions, on a été créatifs. Humainement parlant, ce fut malgré tout une belle expérience. Sur le plan managérial, j’ai vu des personnes sortir de l’ombre et se révéler, d’autres être plus en retrait. Dans une petite entreprise familiale comme la nôtre, chacun doit oser annoncer une idée, un projet. Avant on était trop dans le train-train, chacun faisait son job sans oser prendre d’initiatives. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, les choses ont changé », se réjouit celle qui dit depuis toujours gérer son entreprise comme une équipe sportive. Avec le mental et le sens du collectif… 

je ne perds pas soit je gagne soit j'apprends

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